Ne pas voir et ne pas savoir
Début octobre, un monsieur me téléphone pour me demander des comptes sur ma drôle de proposition, et me parler de lui. Il me détaille donc comment il est devenu depuis longtemps très malvoyant ; je ne vais pas tout raconter par discrétion, mais cela m’a laissé une drôle d’impression.
Face à sa parole assez négative, je me suis retrouvée à justifier de tout. Oui, il existe des œuvres en photographie, et de grands photographes, il avait l’air d’en douter… Mais comment lui en vouloir, puisqu’il ne peut pas les voir. Et non, je ne sais pas ce que c’est de «ne pas voir», et de vivre quand on ne voit pas. Oui, bien sûr, j’imagine aisément que cela est difficile. Mais, qu’est ce seulement imaginer ne pas voir, par rapport à la réalité. «Ne pas voir empêche de vivre…» a t-il affirmé. J’étais vraiment désemparée, je sentais sa tristesse, j’avais envie de lui opposer que la vie est à vivre, mais à ce jeu là, je sortais perdante.
ne pas voir et voir
Rien n’a pu lui faire entendre ma proposition, son scepticisme était total, et une sorte de dérisoire planait… Je me suis demandée après cet échange… Pourquoi téléphoner dans ce cas ? Pour me dire que la proposition Les yeux de l’imaginaire est insignifiante et ridicule en regard – si j’ose dire – de la réalité quotidienne des personnes malvoyantes et non voyantes. Pour me culpabiliser de voir ? Mais cela peut-il produire du mieux pour lui même ?
ne pas voir et Les yeux de l’imaginaire
Les yeux de l’imaginaire- Écouter les photographies est une proposition pour ouvrir et gagner du terrain, comme on dit. Un terrain, non exploré, difficile certes, mais une passerelle, un pont, une proposition pour un partage de mondes et de réalités différentes. Il y a tant à faire… La simple description de l’image, une sorte de visite guidée ne m’intéresse pas. Une image est bien plus que cela, et l’imaginaire mérite mieux. L’entente est à trouver pour que cela produise ses effets pour chaque personne, de façon singulière.